Arrêtez de chercher à tout contrôler, apprenez à orienter

Arrêtez de chercher à tout contrôler, apprenez à orienter

N’avez vous jamais remarqué que souvent, plus vous cherchez à contrôler quelque chose, et plus cette chose semble vous échapper ?

Vous avez une présentation importante à réaliser lors de la prochaine réunion avec votre équipe. Vous devez apparaître comme quelqu’un de rassurant et confiant. Et pourtant, à l’approche de votre tour, votre corps vous lâche et se met à trembler sans possibilité d’en reprendre le contrôle malgré toute l’énergie que vous déployez à tenter de vous calmer.

Vous rentrez chez vous tard le soir fatigué, il ne vous reste plus que quelques heures à dormir. Vous savez qu’il vous faut plonger rapidement dans un sommeil profond et récupérateur. Vous piquiez du nez sur le trajet du retour, mais une fois dans votre lit vous ne pouvez calmer votre agitation et vous vous retrouvez à faire la crêpe en observant les heures défiler. Un rapide coup d’oeil sur votre réveil, et vous réalisez qu’il va sonner dans 30 minutes… Ecoeuré, vous abandonnez la lutte, et là miracle, vous vous endormez très profondément … pour un court moment !

Vous arrivez à un rendez vous amoureux. Et alors que vous souhaitez vous montrer sous votre meilleur jour et être intéressant, vous accumulez les maladresses et livrez des anecdotes embarrassantes sur vous même. De retour chez vous, des tonnes d’idées vous viennent. Tout ce que vous auriez pu répondre, pu raconter … ou éviter de raconter ! Encore une occasion manquée !

A la lecture de ces exemples on se rend compte facilement, que de nombreux mécanismes en nous, nous échappent.

Mais comment se fait il que notre cerveau semble s’amuser à nous jouer ces mauvais tours ?

Très schématiquement, il existe des choses qui sont du ressort de notre partie consciente (lire, écrire, marcher…) et d’autres qui relèvent d’une partie plus inconsciente (mémoire, sommeil, émotions…).

Notre inconscient a ses propres règles, son propre mode de fonctionnement, et notre conscient peut rarement en prendre le contrôle. Pire, la plupart du temps, plus notre conscient cherche à s’imposer, mois l’inconscient peut produire l’effet désiré.

Décortiquons maintenant un exemple simple de la vie de tous les jours, la mémoire.

Vous avez un mot sur le bout de la langue et vous vous acharnez à le retrouver pour vous rendre compte qu’il s’éloigne de plus en plus. Quelques minutes plus tard, alors que vous avez complètement changé de sujet (ou mieux d’interlocuteur !!!), le mot tant recherché vous revient comme par enchantement.

Explication : imaginez votre corps et l’ensemble de ses mécanismes comme un ordinateur très sophistiqué. Cet ordinateur a 2 utilisateurs, votre conscient et votre inconscient.

Votre conscient a accès à quelques logiciels, votre inconscient a un très grand nombre.

Le problème ? Si votre conscient monopolise l’ordinateur, l’inconscient ne peut pas l’utiliser.

Vous pensiez l’aider, vous le gênez.

La solution ? Apprendre à orienter vos mécanismes inconscients sans jamais les brusquer.

C’est d’ailleurs ce que l’on fait naturellement lorsque l’on fait du vélo par exemple.

Nous portons notre regard là où nous voulons aller, et notre inconscient (grâce à tous ses logiciels) effectue naturellement toutes les tâches nécessaires à la conduite.

Sans que l’on demande quoi que ce soit, notre corps ajuste en permanence sa position pour nous garantir un bon équilibre, nos pieds pédalent à la bonne cadence et gèrent la vitesse, nos mains orientent naturellement le guidon pour épouser le moindre virage.

Si on reprend les différents exemples mentionnés, en s’appuyant sur la métaphore du vélo :

Pour réussir une bonne présentation, au lieu de chercher à calmer mes tremblements, ma respiration, me tenir bien droit … Je peux apprendre à porter mon attention sur le message que je souhaite faire passer.

Pour passer une nuit reposante, au lieu de chercher à m’endormir absolument, je peux me laisser bercer en imaginant me réveiller le lendemain en pleine forme.

Pour réussir un RDV amoureux, au lieu de tenter d’apparaître comme parfait, je peux chercher à découvrir mon partenaire et à passer un moment délicieux avec lui.

Vous l’aurez maintenant compris, le rôle de notre conscient est d’orienter, la tâche de notre inconscient, d’exécuter.

Quand chacun reste à sa place, nous fonctionnons de manière plus légère et surtout plus efficace.

La prochaine fois que vous serez tenté de tout contrôler rappelez vous de l’exemple du vélo.

Regardez la fin du virage et prenez plaisir à sentir que le reste se fait naturellement.

10 Commentaires
  • Vignolles Delphine
    Posté à 08:07h, 17 février Répondre

    Merci Mathieu pour cet article clair et pratique .

  • YoosDee
    Posté à 10:14h, 17 février Répondre

    Duand le lâcher-prise devient notre premier vecteur de progression…Excellent Matthieu: Les exemples proposés sont très pertinents: Le désir et la peur sont les deux faces d’une même médaille. Je veux réussir (désir) = j’ai peur d’échouer (peur). Il faut transformer l’une pour obtenir l’autre….

    • Mathieu Soriano
      Posté à 10:24h, 17 février Répondre

      Merci YoosDee. En effet, en coaching on dit souvent que derrière chaque peur se cache un désir. En connectant une personne à son désir, on l’aide à dissiper ou au moins à recadrer la peur. Ensuite en autorisant l’échec (voire en l’encourageant dan certains cas) on se libère de sa pression et s’ouvre une porte vers la réussite. Lors d’une interview suivant l’obtention de la ceinture de son poulain (Connor Mc Greggor) un célèbre coach d’arts martiaux (John Kavanagh) disait qu’il avait commencé par lui apprendre à perdre. Intéressant comme approche…

  • Olivier
    Posté à 11:43h, 17 février Répondre

    Merci Mathieu ! Je vais reprendre le vélo !

    • Mathieu Soriano
      Posté à 12:11h, 17 février Répondre

      Très bonne idée. On dirait que certaines suggestions agissent 😉

      • Franck
        Posté à 18:26h, 09 mars Répondre

        Belle illustration du lâcher prise.

  • Caroline
    Posté à 12:05h, 17 février Répondre

    Merci Mathieu,
    Tu as définitivement un don pour amener les gens à réfléchir.
    J’ai souvent entendu dire qu’on pouvait comparer l’inconscient à un enfant de 4 ans….
    Orienter les mécanismes inconscients reviendrait il a essayer d’eduquer notre inconscient ?
    Les émotions ne sont elles pas aussi des réactions physiologiques?
    Comme un réflexe? Peut on réellement espérer modifier un réflexe?

    • Mathieu Soriano
      Posté à 12:18h, 17 février Répondre

      Merci Caroline. On entend parfois ça oui. La réalité est plus complexe mais c’est souvent pour demander aux gens de s’adresser de manière simple à leur inconscient et d’utiliser des métaphores. Les premiers thérapeutes étaient des conteurs au coin du feu… les émotions sont bien sur physiologiques mais nos représentations mentales agissent dessus. Pour s’en convaincre : demande à quelqu’un qui a le vertige de fermer les yeux et de s’imaginer au bord d’un précipice. Plus agréable : ferme les yeux et rappelle toi du moment de ta vie ou tu as pris le plus de plaisir, le moment dont tu es le plus fière ou n’importe quelle autre émotion…. tu ne tarderas pas à réactiver cette émotion

  • Caro
    Posté à 12:53h, 17 février Répondre

    Merci.
    Je vois bien ce dont tu parles en ce qui concerne la réactivation d’emotions positives et je suis persuadée que l’on peut effectivement apporter beaucoup à une autre personne que l’on voit en proie à une émotion négative ou une réaction physiologique désagréable comme le vertige.
    Mais je me poses encore une question,
    peut on réellement trouver les ressources pour se sortir seul d’une telle situation?
    Si on compare l’emotion À une réaction chimique, comme un feu par exemple, il va brûler juqu’a ce que l’un des trois composants (combustible/comburant/chaleur) soit épuisé….
    une fois que la réaction a débuté, peut on espérer la stopper avant qu’elle ne se réalise entièrement?
    Lorsque tu aides quelqu’un qui a le vertige tu lui apportes quelques chose depuis l’extérieur, tu viens artificiellement tarir un des composants de sa réaction…
    je ne vois pas comment réaliser cela sans intervention externe en fait?

    • Mathieu Soriano
      Posté à 13:52h, 17 février Répondre

      Bien sur qu’on peut ! Quand on comprend le mécanisme derrière nos émotions, on peut agir sur 3 leviers. J’ai écrit un article spécifique dessus :
      https://mathieusoriano.com/reprenez-le-controle-de-vos-emotions-en-4-etapes/
      Pour donner un exemple, on sait aujourd’hui qu’un simple changement de posture (power posture) a le pouvoir d’augmenter notre taux de testostérone de 20% et de faire baisser celui de cortisol de 20%. C’est un bel exemple de modification « chimique » et ça se fait sans aide extérieure. L’impact émotionnel est immédiat. Amy Cuddy l’explique en détail dans sa très belle conférence TED.
      En revanche, lorsqu’une personne est submergée par une émotion dont elle n’arrive pas à se défaire (car trop intense ou trop ancrée), je recommande vivement qu’elle se fasse aider par un professionnel.

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