19 Jan Le pouvoir de nos attentes
Il y a quelques années, une séance de coaching a profondément changé mon regard sur les relations et ma façon de travailler.
Je recevais une jeune femme qui se battait depuis 10 ans contre l’anorexie.
En la questionnant, je me suis aperçu que tout un système s’était mis en place autour d’elle pour la soutenir et répondre à chacune de ses exigences. Pire, j’étais en train de tomber dans le panneau également et je commençais à la plaindre.
Vexé, j’ai adopté une posture qui a plus tard bouleversé ma pratique. De manière impulsive, j’ai regardé ma cliente droit dans les yeux et lui ai lancé :
“Je ne crois pas une seconde à tout votre cinéma !
Vous essayez de vous faire passer pour une femme faible, fragile, et incapable de quoi que ce soit sans les autres. Et comme vous êtes une très bonne actrice, ça a bien fonctionné, y compris sur moi.
Vous avez organisé tout un écosystème qui gravite autour de vous et répond au moindre de vos caprices. Non seulement vous n’êtes pas faible mais vous êtes extrêmement forte ! Vous savez vous priver. Vous avez une incroyable force mentale, et un don certain pour séduire les personnes qui vous entourent.
Mais je refuse d’en être complice !
Je pense sincèrement que vous avez toutes les ressources pour sortir de cette situation et je pense pouvoir vous aider. Mais ce sera sous mes conditions et aucune n’est négociable..
Je me suis alors lancé dans une liste pour elle et son entourage, puis j’ai annoncé que si elle ne respectait pas l’ensemble de ces conditions, je refuserais de l’accompagner. Fin de la séance.”
Après 2 mois sans nouvelles, ma cliente est revenue me voir. En arrivant, j’étais surpris de ne pas la voir enlever son manteau.
“Aujourd’hui, je suis simplement venu vous remercier.
Je suis partie furieuse de notre première entrevue. Une fois la colère passée, une idée curieuse m’est apparue.
En revoyant la scène de nos derniers échanges, j’ai vu dans votre attitude et surtout dans votre regard, que vous aviez confiance en moi. C’est assez bizarre je sais, mais c’est comme si je pouvais sentir que vous aviez réellement confiance en moi. Alors je me suis dit que si vous aviez confiance en moi, moi aussi je pourrais avoir confiance en moi.
Votre regard a agi comme une autorisation et une invitation à me reprendre en main et à exprimer le meilleur de ce que je peux être.
Rien n’est encore gagné bien sûr, mais j’ai recommencé à manger un peu plus, et j’ai arrêté de chercher à maintenir tout le monde sous ma coupe. Je veux encore avancer seule quelque temps et je vous rappellerai plus tard pour continuer ce travail avec vousl.
Quelle claque !
Ce jour-là, je réalisais que l’efficacité de l’accompagnement dépendait moins de mes techniques que du regard que je posais sur mon client.
Je me suis mis à tester cette idée à chaque occasion. Avec mes clients, ma famille, mes amis, les serveurs au restaurant, et même des inconnus avec qui j’avais de courts échanges … Avec des résultats surprenants !
Ce concept a un nom. L’effet Pygmalion. Son principe ? Le simple fait de croire dans les capacités de quelqu’un améliore ses probabilités de succès.
De nombreuses études ont été menées à ce sujet notamment dans le domaine de l’enseignement avec des résultats significativement améliorés.
Le manager qui affirme sa confiance en ses équipes profitera du même principe.
D’ailleurs l’effet Pygmalion augmente avec le degré d’autorité perçu de la personne qui porte l’attente.
Bien sûr, cette idée peut s’appliquer à toutes nos relations, y compris en dehors de tout cadre formel.
Alors je vous invite à vous demander sur qui vous portez un regard qui n’est pas forcément aidant. Et comment vous pourriez le modifier ? Amusez vous à changer de perspective sur cette personne et observez la magie opérer.
Dans mes séances de coaching, une des tâches que je me fixe et qui me tient le plus à cœur est de révéler les gens à eux mêmes. J’aime me demander quels sont les talents, ressources, aptitudes “cachées” de mes clients, et les aider à les mobiliser au service de leur objectif.
Comme je dis souvent à mes clients, ma mission est de vous aider à vous reconnecter à qui vous êtes vraiment et à l’offrir au monde.
Aurelien Codorniou
Posté à 22:14h, 19 janvierJe viens de finir Jonathan livingston le goéland. Il y’a un passage similaire à ton histoire. C’est très inspirant, merci